Avant de vous lancer dans une activité physique, envisager les bénéfices-risques du sport envisagé peut s’avérer utile. Pour vous aider, les fiches suivantes détaillent les caractéristiques de sept sports. L’occasion pour Sébastien Lobet, docteur en kinésithérapie et spécialiste de la rééducation des personnes hémophiles, aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, à Bruxelles*, de faire le point sur chacun.
1 – La natation – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie (9,10,11)
La natation est considérée comme LA star des activités sportives en cas de troubles de la coagulation. La Fédération Française de Natation s’est même s’impliquée en faveur de l’hémophilie : une centaine de centres ont ainsi formé leurs maîtres-nageurs à cette maladie. Le message est clair : « La natation s’adresse à tous, y compris aux seniors et aux personnes qui souffrent de certaines pathologies (diabète, hémophilie, etc.) »
Caractéristiques :
La natation active 90% de la musculature : les muscles travaillent plus qu’en pratiquant une activité hors de l’eau.
Les +
La natation est un sport porté « non traumatisant pour les articulations ».
Dans l’eau, le corps est léger grâce à l’apesanteur. Être à l’horizontale facilite le déplacement du corps qui « offre moins de résistances ».
Elle est idéale pour un renforcement musculaire autour des articulations, ainsi que pour réduire les conséquences des hémorragies intra-auriculaires.
Des études relaient les effets positifs des sports aquatiques : « amélioration de l’amplitude des mouvements de l’épaule, des genoux, de l’articulation des chevilles et renforcement des muscles du genou ».
Non seulement la natation a un rôle préventif dans l’apparition de l’arthrose mais elle a des vertus en cas d’arthrose.
L’avis du docteur Lobet :
« Pratiquée de manière modérée à intensive, la natation permet de travailler la souplesse et l’amplitude articulaire.
C’est un sport symétrique qui renforce de manière homogène les côtés gauche et droit du corps. Une caractéristique rare. La plupart des sports sont asymétriques. À la longue, les mouvements distincts qu’ils impliquent de chaque côté du corps peuvent engendrer à la longue des déséquilibres musculaires.
La natation favorise le renforcement du tronc supérieur et des membres inférieurs, en garantissant l’équilibre des masses musculaires, contrairement à un sport unilatéral ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« La natation n’est pas suffisante pour stimuler la croissance osseuse. Si c’est un excellent sport en décharge, elle doit être combinée à une activité en charge (marche, course à pied, fitness, basket, etc.), pour stimuler la croissance osseuse de manière idéale, surtout chez un jeune en pleine croissance. »
« Attention au surmenage articulaire. Pratiquée à trop haut niveau, la natation comporte un risque modéré de surmenage tendineux et articulaire, notamment en cas de compétition, c’est-à-dire au-delà de trois à cinq heures par semaine. »
Quelques conseils :
La natation implique de faire attention à d’éventuels chocs avec d’autres nageurs :
Certaines lignes étant très fréquentées, mieux vaut s’abstenir de les emprunter pour éviter heurts et coups intempestifs.
Il est interdit de courir le long des bassins, pour éviter les chutes sur sols glissants.
Obligatoires, les lunettes de natation facilitent l’orientation. Elle permettent ainsi de voir les autres nageurs sous l’eau et de mieux distinguer les parois. De quoi éviter coups et blessures.
2 – La marche – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie (14,15)
Nordique, rapide ou de loisirs… La marche fait partie des activités favorites des Français12, suivie par le jogging, le fitness, les sports aquatiques et le vélo. Marche et randonnée se hissent également dans le top du classement des loisirs recommandés lorsqu’on est hémophile13. À condition de porter des chaussures adaptées et de les renouveler régulièrement pour optimiser leurs amortis. Le jogging, la course d’endurance et certaines activités de l’athlétisme peuvent être essayés. « Les surfaces souples sont alors à privilégier, courir comportant des risques pour les genoux et les chevilles », observe Sébastien Lobet. « Un bilan articulaire est donc conseillé au préalable ».
Caractéristiques : La marche met en oeuvre les articulations des hanches, des genoux et des chevilles, tout en sollicitant moins les articulations que le jogging.
Les +
Très indiquée, la marche ne présente pas de « contraintes physiques brutales ».
Elle met en oeuvre près de 48 muscles.
Variante possible, le golf*** fait travailler les épaules et les coudes en prime.
L’avis du docteur Lobet :
« Sauf problème articulaire majeur, la marche peut être adoptée sans modération. Cette activité doit toutefois être envisagée avec son kinésithérapeute en cas d’arthropathie. La marche rapide est conseillée. Elle représente une bonne alternative à la course à pied pour travailler l’endurance cardio-respiratoire, tout en sollicitant moins les hanches, genoux et chevilles. On peut pratiquer la marche cool et intense, en alternance, avec des dénivelés pour bien stimuler la pompe cardiaque. Des chaussures appropriées sont nécessaires. Il faut notamment éviter les chaussures plates pour de longues distances. La marche nordique, avec les bâtons, permet de travailler la mobilité des membres supérieurs. Une activité tout à fait conseillée ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« Effectuée de manière trop relax, par exemple en promenant son chien, la marche n’est pas suffisante pour stimuler l’appareil cardio respiratoire ».
3 – Le tennis de table – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie (16)
Sur 3,5 millions d’adeptes et plus de 200 000 licenciés, la fédération de tennis de table compte 51% de jeunes. Hyper ludique, adapté à tous, le tennis de table ne connaît pas de limite d’âge. Il booste également la concentration et la mémoire**.
Caractéristiques : Le tennis de table implique un travail des épaules, des coudes et des poignets.
Les +
Classé dans la catégorie des sports non traumatisants, le tennis de table génère peu de risques de blessures et se pratique de 4 à 99 ans.
Il permet de développer l’endurance, l’adresse, l’équilibre, la coordination et la vitesse.
L’effort musculaire va de modéré à intense, selon le niveau de jeu de l’adversaire.
Le ping-pong mobilise la concentration, l’analyse et le sens tactique.
L’avis du docteur Lobet :
« Tout à fait conseillé, le tennis de table fait travailler les genoux, les chevilles, les hanches et le coude. Il y a également moyen d’en faire lorsque l’on a des arthropathies, et même, en cas de mobilité réduite du coude. On peut en effet adapter ses coups en fonction de ses atteintes articulaires, y compris en compétition. Le tennis de table a l’avantage d’être accessible aux patients atteint d’arthropathies sévères. Il a, de plus, une vraie dimension sociale. Compétition classique ou handisport : la pratique est très développée, y compris pour les hémophiles ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« En tant que loisir, le tennis de table n’est pas aussi intense que pratiqué en club ou en compétition, qui peuvent réellement engendrer une dépense énergétique et musculaire importantes ».
4 – Le tir à l’arc – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie (6,17,18)
Sport de plein air et de salle, le tir à l’arc peut se pratiquer toute l’année.
Ses vertus ? Allier le plaisir de la marche à la technicité du tir. La distance des flèches va en effet de six à 70 mètres, la distance olympique. Effet « anti-stress » garanti : le tir à l’arc permet de « canaliser son énergie et d’améliorer sa concentration ». Quelques recommandations s’imposent. Comme, « privilégier les vêtements près du corps et protégeant intégralement le buste », et porter de bonnes chaussures pour ne pas glisser. Les flèches étant des armes, il faut également soigner ses yeux et ses gestes.
Caractéristiques : Le tir à l’arc mobilise les membres supérieurs, notamment les épaules, les coudes, les poignets et les doigts.
Les +
Le tir à l’arc est considéré comme un excellent sport en cas d’hémophilie.
Il permet de « maintenir une activité physique en douceur ».
Le tir à l’arc nécessite peu d’efforts physiques.
Il est idéal pour une reprise du sport en douceur, en cas de besoin.
À plat ou sur parcours, c’est le must pour l’adresse, la précision, la coordination, l’équilibre ainsi que la concentration.
L’avis du docteur Lobet :
« Le tir à l’arc ne présente aucune contre indication pour un hémophile. Sauf en cas d’arthropathie très sévère du coude ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« Ce sport ne sollicite pas l’appareil cardio respiratoire. Il fait travailler de manière asymétrique, contrairement à la natation.
S’il permet de maintenir une activité musculaire au niveau membre des supérieurs, le tir à l’arc ne fait pas travailler les membres inférieurs.
Le tir à l’arc reste une pratique insuffisante si l’on veut profiter pleinement des bénéfices de l’activité physique. On peut le pratiquer en complément d’une autre activité. Ce sport de patience a enfin l’inconvénient de ne pouvoir être pratiqué que dans un club ».
5 – La voile – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie
Plusieurs disciplines entrent dans la catégorie « voile » : planche à voile, kite surf, dériveur… Pour tous ces sports, la Fédération Française de Voile s’efforce d’offrir un encadrement assuré par des éducateurs ayant suivi un module santé. N’hésitez pas à prendre l’avis de votre spécialiste avant de vous lancer. Bon à savoir : ces disciplines nécessitent « une attestation de capacité à savoir nager 25 mètres et à s’immerger ».
Caractéristiques : La voile sur bateau met en jeu les épaules, les coudes et les poignets (6).
Les +
Pratiquée sur un bateau, la voile demande de l’équilibre sur un support instable et favorise la coordination motrice.
Les sollicitations du squelette sont relativement modérées (6).
Elle influe sur de nombreux groupes musculaires en limitant les traumatismes articulaires, musculaires et des tendons.
La pratique, susceptible de débuter dès six ans, s’ajuste aux capacités de chacun.
Participer peut consister à endosser le rôle de simple observateur. Vent, observation du plan d’eau, orientation : elle sollicite tous les sens.
L’avis du docteur Lobet :
« Il y a moyen de faire de la voile de loisir sans problème. Elle mobilise peu les membres inférieurs mais renforce les muscles. On travaille essentiellement les transferts et les changements de direction ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« La voile sur bateau n’est pas un sport accessible à tous, si l’on veut avoir une activité physique régulière.
Elle ne fait pas suffisamment travailler le cardio respiratoire, contrairement à certains sports de planche.
C’est un sport très différent de la planche à voile ou du kite surf. Des activités à risque qui plaisent beaucoup aux jeunes mais nécessitent des précautions. Le kite surf, par exemple, doit être pratiqué de manière très entourée. Il comporte des possibilités de chute et sollicite à la fois le cardio respiratoire, les membres inférieurs et supérieurs. Le tout en pleine mer. Il ne faut s’y adonner qu’en concertation avec son kinésithérapeute, pour autant que l’état articulaire soit correct ».
6 – Le vélo – Sport nécessitant de prendre certaines précautions
Même s’il ne fait pas partie des sports recommandés, le vélo peut être envisagé. Tel n’est pas le cas des VTT de descente, cyclocross et BMX. Prisés par les amateurs de sensations fortes, ils représentent des pratiques à risque pour tous et sont rigoureusement déconseillés lorsque l’on est hémophile.
Caractéristiques : Hormis les genoux, le vélo sur route sollicite les hanches, les chevilles, les coudes et les poignets (6).
Les +
Excellent pour l’endurance, la précision et l’équilibre, le vélo sur route développe la masse et la force musculaire.
Il exerce la coordination, la souplesse et la mobilité articulaire.
Bon à savoir : les vélos à assistance électrique permettent de réduire l’intensité de l’effort de 30% (16).
Les –
Le vélo sur route, et plus encore le VTT, présentent des « risques de chutes ou de collisions » (16),
Le vélo de route est déconseillé en cas de fragilité osseuse : « il faut être très prudent dans ce cas, car une chute pourrait avoir de graves conséquences », insiste le docteur Lobet.
Attention également en cas d’arthrose du genou, de prothèse de hanche ou du genou. Dans ces situations, il faut « prendre soin de bien monter la selle » (16), notamment « lorsque la flexion du genou est limitée », précise le docteur Lobet.
L’avis du docteur Lobet :
« Le vélo sur route permet une pratique sportive progressive, même en côte, contrairement au VTT qui implique des changements d’intensité toutes les trois secondes et un effort plus brutal.
Quant au VTT de descente il est extrêmement dangereux ».
7 – Le tennis – Sport recommandé aux personnes atteintes d’hémophilie
Pour rendre le tennis accessible à tous, la Fédération Française de Tennis a mis en place des formats de jeu adaptés en cas de pathologies chroniques. S’ils ne visent pas spécifiquement les hémophiles, ils permettent d’adapter le terrain, la balle et la raquette :
« Une balle plus lente laisse le temps aux joueurs non experts d’évaluer son point de chute et son rebond. Un terrain réduit en longueur et en largeur limite les déplacements. Un filet abaissé facilite la réalisation d’échanges.De tels sports adaptés peuvent éventuellement être envisagés pour l’apprentissage », relativise le docteur Lobet.
« Mais les adultes ne sont pas enclins à pratiquer le tennis avec des balles en mousse ou sur des terrains plus petits. Ils veulent avant tout jouer ».
Caractéristiques : Le tennis implique les membres supérieurs et inférieurs, notamment les genoux et les chevilles (6).
Les +
Le tennis favorise la précision du geste, la souplesse et la mobilité articulaire.
Il fait gagner de la masse et de la force musculaires.
La pratique peut aller de faible à intense selon le niveau de chacun et son état de santé.
L’avis du docteur Lobet :
« Le tennis peut être conseillé. Si la pratique devient intense, voire de compétition, il peut y avoir des bobos, semblables à ceux qu’aurait une personne non hémophile. Principalement des tendinites et des entorses de chevilles ».
Les –
L’avis du docteur Lobet :
« Le tennis implique les membres supérieurs de manière unilatérale en faisant travailler le côté dominant.
Le tennis sollicite le genou, mais présente moins de risques de lésions ligamentaires que dans le football par exemple. Il y a moins de torsions, et surtout, pas de contact avec un adversaire.
Jouer en double permet de moins solliciter les articulations, les placements étant réduits.
Quant au « tennis elbow », avec l’amélioration du matériel et de la technique, cette pathologie est aujourd’hui anecdotique ».
A noter que dans tous les cas, la pratique est à envisager avec son spécialiste.
Les témoignages exposés par les experts, les patients ou l’entourage des patients sont personnels et indépendants. Ils sont fournis à titre d’information et n’ont pas pour objet de donner des avis médicaux, fournir des diagnostics, remplacer des consultations ou promouvoir Sobi.
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